L’histoire de Maury est évidement rattachée à l’histoire du territoire des Fenouillèdes, qui à en juger les découvertes, remonterait à la préhistoire. Des traces de l’Homme de Néanderthal ainsi que de l’âge de bronze ont été retrouvées au bord de l’Agly. Les vestiges les plus emblématiques de ces périodes sont les dolmens d’Ansignan, de Feilluns et de Trilla, ainsi que le menhir de Prats-de-Sournia.
Les Fenouillèdes, terres frontières, ont connu en 5000 ans les influences culturelles Ibère, Celte, Grecque, Romaine, Germanique et Arabe avant d’être rattachées au Royaume de France au VIIIe siècle par Pépin Le Bref.
En 950 et 954, la ville de Maury est intégrée au vicomté de Fenouillet, qui lui même fait partie du comté de Bésalu, lui même intégré au comté de Barcelone, qui deviendra plus tard la Catalogne et s’unira à celui de Provence et de Foix afin de lutter contre le roi de France lors de l’événement Cathare au XIIe siècle. Cela jusqu’à ce que Jacques le Conquèrant, comte de Cerdagne et roi d’Aragon, trouve un accord avec le roi de France Saint Louis, lors du traité de Corbeil pour préciser les possessions et la nouvelle frontière entre le comté et la France, qui rattache alors les Fenouillèdes à la France en 1258. Désormais séparé du reste du Roussillon, Maury suivra le cours de l’histoire de France sans être pris dans l’étau du royaume de Majorque (XIVe siècle), ni dans les conflits franco-espagnols du XVe siècle au XVIIIe siècle.
Administrativement rattachées aux Pyrénées-Orientales, les Fenouillèdes sont liées par l’histoire et par la tradition occitane au pays Cathare. Les derniers châteaux de la nouvelle frontière constituent aujourd’hui les “citadelles du vertiges”, à savoir les châteaux de Quéribus, Peyrepertuse et Puilaurens, qui se dressent telles des sentinelles au dessus de la vallée
Le territoire des Fenouillède est resté près de quatre siècles l’ancienne frontière entre le royaume de France et le royaume d’Aragon, avant l’annexion du Roussillon par le traité des Pyrénées en 1659. Riche de cette histoire, le territoire a conservé de nombreux sites et monuments historiques qui sont à présent les joyaux de la région. On citera l’ancienne Abbaye Bénédictine du Xe siècle, devenue chapitre-collégiale par la suite à Saint-Paul-de-Fenouillet. Le pont-aqueduc d’Ansignan est un monument témoignant du passage des Romains dans la région, long de 170 mètres, il a la particularité d’être sur deux niveaux. La Chapelle Notre-Dame de Laval à Caudiès-de-Fenouillèdes a été durant des siècles un lieu de pèlerinage pour les populations de la vallée de l’Agly qui venaient se placer sous la protection de la Vierge de Laval chaque fois qu’une épidémie de peste ou de choléra frappait la vallée. Autre curiosité de la région, les Gorges de Galamus ont été creusées par les eaux de l’Agly, sur des profondeurs de plus de 500 mètres pour rejoindre la Méditerranée.
Mais comment parler de l’histoire des Fenouillèdes sans parler du vin.
La vigne est présente depuis des siècles, mais c’est au XIXe siècle que se développe particulièrement l’activité viticole, qui entraîne avec elle l’essor démographique de la région.
À Maury, l’histoire de la cave coopérative fait partie intégrante de l’histoire du village et de la région.
À la fin du XIXe siècle, les vignerons prennent conscience de la nécessité de s’allier pour résister à la pression exercée par les maisons de négoce. C’est ainsi que naissent les premières caves coopératives en France, ces infrastructures rythmeront la vie de ces villages .
À Maury, tout commence en 1891 lorsqu’un violent orage réduit la production du village. Face à cette perte considérable de profit, les vignerons commencent alors à se rassembler. La crise du phylloxera survient pas la suite et n’arrange pas les productions. Suite a ces deux catastrophes survenues en peu de temps, le rassemblement des vignerons prend sens.
En 1906, grâce a Jules Pams, sénateur des Pyrénées-Orientales et au ministre de l’agriculture, le gouvernement français autorise les banques à octroyer des prêts aux syndicats agricoles. La coopérative de Maury peut officiellement être créée. Le premier conseil d’administration rassemble, le 20 avril 1910, 129 propriétaires lors de l’assemblée constitutive. Le bâtiment est officiellement inauguré le 29 avril 1910. Il subira diverses modifications et agrandissements, allant même jusqu’à la construction de trois autres caves sur le village, permettant d’augmenter la quantité de vins produits.
En 1936, le décret des appellations d’origine reconnaît les vins doux naturels produits à Maury, sous l’appellation Maury contrôlée.
En 1974, les différents sites de Maury sont regroupés pour former la Société Coopérative « Les Vignerons de Maury ».
À la fin des années 1980, la cave crée une bouteille trapue appelée « Maury », avec pour objectif de se démarquer des autres appellations de vins doux naturels.
Le pic de production de l’appellation est atteint en 1990. Dans ces années là, les goûts des consommateurs évoluent et le Maury développe sa gamme en proposant des produits plus fruités et gourmands.
En 2000 les coopérateurs vignerons de Maury souhaitent convertir une partie des récoltes pour faire des vins rouges secs. Le Grenache noir, très implanté dans la région s’y prête bien et c’est ainsi qu’en 2011 l’appellation Maury sec voit le jour.